28 juillet 2023, mon pote Yahn nous a invités à participer au tournoi de pêche au gros de Beaulieu. Il me dit que l’équipe est constituée de quatre pêcheurs : Jérôme, alias le Guatémaltèque (un de mes compères de pêche habituels), Alexandre que je connais depuis le collège et que je n’ai pas vu depuis de nombreuses années (je ne savais même pas qu’il était pêcheur), et lui-même. Après une super journée où nous avons terminé à la 6e place, à quelques centimètres du podium, nous nous retrouvons au dîner de clôture. Faouzi, un pote pêcheur, vient s’asseoir à notre table et me questionne sur mon dernier voyage au Panama. Il nous fait un résumé des Seychelles où il est déjà allé trois fois et en est dithyrambique. Il nous met l’eau à la bouche et, ni une ni deux, je lance l’idée d’y aller prochainement. Alex, Yahn et Jérôme sont aussi enthousiastes et petit à petit, l’organisation commence à se mettre en place.

Les Seychelles. Ces îles paradisiaques ne seraient donc pas qu’une zone touristique faite de plages et de consortiums hôteliers pour touristes en manque de plage et de soleil ? Lorsque j’annonce à ma femme Céline que je pars en voyage de pêche là-bas, elle accueille la nouvelle avec un œil circonspect. De la pêche ? Aux Seychelles ? Sans nous ? C’est vrai que sur le papier ça semble un peu rude.
L’organisation YFS Fishing est installée là-bas depuis sept ans, et ça tombe bien, je connais le propriétaire depuis notre époque du Salon de la pêche de Cagnes-sur-Mer. Guillaume est monégasque, fou de pêche, il a toujours baigné dans ce milieu (il est l’un des fondateurs de la Fédération de pêche monégasque). Leur crédo ? Une pêche itinérante en catamaran afin d’aller là où les autres ne vont pas.
L’équipe est assez rapidement constituée : Odin, Philippe, mon cousin, Jérôme, Alexandre qui est nouveau donc (et pour qui ce sera le premier vrai voyage de pêche), Loupiot, notre voisin de port, et moi-même. Yahn n’est finalement pas disponible pour des raisons professionnelles. Ce sera cette équipe de six pour un voyage en avril avec sept jours de pêche.
Une semaine avant le départ, mon cousin Philippe renonce à partir. Il a une tendinite au bras et beaucoup de boulot avec des échéances importantes. Finalement, nous nous retrouvons à cinq.
J0 : Le départ
Pour se rendre aux Seychelles depuis Nice, c’est un des voyages exo les plus simples et les plus courts. Un vol Emirates Nice – Dubaï de 6 heures, 2 heures d’escale puis un nouveau vol Emirates de 4 heures entre Dubaï et Mahé. Au niveau décalage horaire, c’est simple puisque il y a seulement deux heures de plus. Aucun problème pour les bagages puisque nous avons le droit à 2 fois 23 kilos. Un réel luxe.
Pour le matériel, j’apporte avec moi cinq cannes à pêche :
Une Slow Jig Hearty Rise Tokayo de 60 lbs avec un moulinet Jigging Master VIP Limited Edition Wiki Violent Slow
Une Jig Custom de Bamboo Rod de 110 lbs avec un Stella 14 000
Une Ripple Fisher Aquila EX 83-6 (70 lbs) avec un Stella 8000
Une Ripple Fisher OCEAN VOYAGEUR GTXPEDITION – 81MH (100 lbs) avec un Stella 14 000
Une Gaia Palms de 40 lbs avec un moulinet Saltiga 3500H pour les petits poissons…
Fluoro Carbon de 140 lbs pour le jig et 200 lbs pour le lancer.
Finalement, autant vous le dire tout de suite, je me suis très peu servi des cannes de lancer puisque nous avons fait 95 % de jigging. Ma Jig Custom m’a épuisé et je l’ai laissée au profit d’une canne Smith de 80 lbs (merci Yahn) qui était elle aussi assez lourde. Idéalement, la prochaine fois, j’apporterai aussi une Jig de 60 lbs même si c’est vrai qu’on peut tomber sur un monstre à tout moment. J’ai fait du Slow Jig 50 % du temps, c’est réellement beaucoup moins fatiguant et ça paye tout autant, voire plus selon les périodes de la journée. Il faut les deux….
Niveau leurres, ce sera 40 jigs entre 200 et 400 grammes, avec des assist hooks en 11/0. Pour le lancer, quelques Roosta pop, Dumbell pop, Chug Norris et les habituels sticks : « Shibuki, Kten et Bricks ».
Après deux vols faciles avec Emirates Nice – Dubaï (en A380) puis Dubaï – Mahé, nous arrivons vers 6 heures du matin aux Seychelles (où il est deux heures de plus qu’en France). Rapide passage au Duty free pour acheter du rhum et du vin et une heure d’attente pour nos bagages, c’est avec soulagement que nous récupérons tout notre matériel. « Denis », notre chauffeur, nous attend à la sortie de l’aéroport et nous amène directement à la Marina d’Eden Island. De style floridien, les boutiques luxueuses et les magnifiques bateaux y sont légion. C’est ici qu’est amarré notre catamaran et que nous attendent nos guides Guillaume et Niels. Nous partons petit déjeuner avec ce dernier tandis que Guillaume attend un groupe de pêcheurs danois.


Nous avons cinq heures à tuer avant le départ et nous ne voulons pas attendre à ne rien faire. Nous reprenons donc le van de Denis qui nous amène sur la plage de Beauvallon. Nous profitons de la plage, de la mer et de la plus belle salle de muscu en plein air de la région, face à la mer. Lorsque midi arrive, nous sentons clairement la fatigue arriver aussi. Nous n’avons pas dormi et le repos n’est pas au programme. Après une jolie balade sur la plage aux rochers lisses typiques de l’archipel, nous décidons de nous arrêter déjeuner dans un des restaurants qui bordent la route. Après une bonne bière et un mauvais burger, il est 13 heures et Denis nous attend pour nous ramener à la Marina.






Nous arrivons sur le ponton et c’est d’abord le catamaran des Danois qui arrive. Ils embarquent leurs affaires et s’en vont rapidement pour laisser la place à notre catamaran. Nous embarquons nous aussi et nous nous rendons vers un autre ponton où les Danois sont amarrés. Les deux bateaux sont côte à côte et Guillaume nous explique que nous pouvons ouvrir nos valises, monter le matériel et laisser le plus de choses possible à terre (les valises, boîtes, tubes, etc.). On fait tout ça en une heure sous une chaleur de dingue. Bref, les cannes sont montées et nous avons pris possession de nos cabines où nous avons pu ranger nos affaires. Nous avons trois cabines doubles à notre disposition avec chacune toilette et douche. Ce n’est pas le luxe et les lits sont vraiment petits pour deux. Odin a choisi de prendre la cabine arrière tout seul, elle est plus grande mais elle est aussi à côté des moteurs et du générateur, donc il y a du bruit en permanence et il y fait aussi plus chaud. Loupiot partagera sa cabine avec le Guatémaltèque et je partagerai la mienne avec Alex. Les cabines sont climatisées et c’est vraiment top sauf que la clim n’est utilisable que lorsque nous sommes à l’ancre. Donc, soit on navigue la nuit et on dort avec le bruit des moteurs sans la clim, soit on est à l’ancre avec la clim mais avec le bruit du groupe électrogène… Dans tous les cas, c’est clair qu’on aura peu dormi, mais l’essentiel est ailleurs, on est venu pour faire du poisson et, de ce côté, on va être servis.

Le programme est simple : à 16 heures, nous allons prendre la mer et naviguer jusqu’au lendemain matin où nous pourrons commencer la pêche sur des plateaux qui se trouvent à une centaine de kilomètres de l’île de Mahé. Nous sommes donc deux bateaux et forcément il y a concours : les Niçois contre les Danois !
Nous faisons connaissance avec l’équipage. Tout d’abord, nous sommes guidés par Niels, ancien croupier monégasque passionné de pêche qui a décidé de changer de carrière et de se lancer à fond dans sa passion. Il a une solide expérience de pêche en mer, aux leurres et à la traîne mais comme moi il est aussi passionné par le brochet ! Tout le reste de l’équipage est seychellois. Tout d’abord, il y a le capitaine « Jean Claude », homme sérieux et d’expérience. Il est courtois mais sec et assez distant. Il parle très bien le français, ce qui n’est pas le cas de son second « Marcus » que nous surnommerons « Frida » car il a la même coiffure que Frida Kahlo. Ce dernier baragouine un peu le français mais nous lui parlerons pratiquement qu’exclusivement en anglais (entre eux, ils parlent le créole). Enfin, pour terminer l’équipe, il y a « Jermaine » notre chef cuisinier. Un amour de géant rasta, toujours le sourire et surtout un excellent cuisinier qui nous a régalés tout le long du séjour.
Lors de cette première soirée, après un bon dîner et quelques rhums, tout le monde est au lit avant 22 heures. Il fait assez chaud mais la fatigue et le lanternau ouvert (qu’il faudra refermer pendant la nuit car il pleuvra) avec un peu de vent suffisent à nous endormir.
Jour 1 : La découverte de Water World
Le lendemain à 5h45, le jour se lève à peine, j’entends des pas sur le pont avant. Par le hublot, j’aperçois l’autre catamaran à une centaine de mètres, les Danois sont déjà sur le pont en train de popper ! Ni une ni deux, je saute du lit et je monte, Jérôme et Odin sont déjà à la manoeuvre… Je prends ma canne et j’effectue à mon tour quelques lancers. Ça fait des mois que j’attends ça : lever de soleil, Océan Indien, bruit du popper qui claque dans l’immensité, le bonheur. Pas de touche pour cette première mini-session de 30 minutes, nous faisons une petite pause café et Niels nous annonce que nous allons faire notre première dérive aux jigs.
Nous sommes tous bouillants et impatients de voir ce que cela va donner, on est totalement dans l’inconnu et même un peu déstabilisés car on ne sait clairement pas où nous nous trouvons. On est à plusieurs centaines de kilomètres au sud de Mahé. Autour de nous, pas d’îles, pas de roches, rien que de l’eau… Nous ne savons strictement pas où se trouve le Sud ou le Nord, il y a un horizon d’eau à 360 degrés autour de nous et c’est tout. J’en parle maintenant car ça m’évitera d’en reparler mais ça va être comme ça tout le séjour,. Pire, à part le catamaran des Danois (qui nous quittera bientôt), nous n’avons croisé qu’un seul et unique autre bateau. Nous sommes seuls au monde, on est dans WATERWORLD. Pour tout vous dire, on est quand même pas très loin de la Somalie et de ses pirates et il m’a traversé l’esprit que ce n’est pas un hasard si on se trouve tout seuls ici. Question posée à Niels : a priori on a une sorte de transpondeur qui indique notre position aux autorités seychelloises en temps réel. La zone est très surveillée et les récentes attaques ont eu lieu beaucoup plus au Nord-Est dans le Golfe d’Aden.
Revenons à notre dérive. Je prends ma canne de Slow et, au « go » du capitaine, c’est parti pour notre première descente dans environ 50 mètres de fond. Je fais 2-3 animations et pammm c’est parti, première descente et première touche, je sens un poisson bien combatif mais pas très lourd et en effet, c’est une jolie petite sériole (amberjack) d’environ 6 kilos qui arrive à bord. Rapide photo puis relâche.
Nous pêchons jusqu’à 10h30 et les scores sont déjà tout à fait honorables avec 30 poissons pris à 5. Aucun n’est très gros mais la variété est présente : sérioles, thons à dents de chien, wahoo, mérous, carangues vertes, job fishs roses et bleus, thonines et becs de cannes. Nous apprenons par la radio que les Danois ont fait un massacre avec trois belles carangues GT et deux gros thons à dents de chien. On a un peu les boules mais bon, ce n’est que la première matinée…
Après un bon petit déjeuner et une chaleur de dingue, nous décidons de traîner jusqu’au prochain spot (un fameux spot à trois montagnes) qu’on ne trouvera finalement jamais alors qu’il est bien inscrit sur les cartes… À 17h30, nous nous remettons au jig pour une heure. On rajoutera aux espèces déjà prises : carangues voyage, mérous lune, mérous étoile, ainsi qu’un magnifique bourgeois pris par Odin avec un simple casting jig…
Total du premier jour : 58 poissons ! Une belle mise en jambe.








Jour 2 : Le Voilier D’Alex
On se réveille vers 6h du matin et, pendant que nous prenons notre petit déjeuner, Niels nous installe quatre cannes en traîne. On décide rapidement de l’ordre de passage et c’est Alexandre qui doit commencer. Seulement quelques minutes après la mise à l’eau des leurres, il y a un premier départ. On met le baudrier à Alex et il commence le combat, ça semble gros, on est tous autour de lui et il ne nous faut pas longtemps pour identifier le poisson qui vient de sauter : c’est un magnifique espadon voilier, un poisson qui fait partie de la wish list d’Alex et qu’on espère tous pouvoir voir de près. Après un combat rondement mené, Frida met ses gants et le line (il lui attrape le rostre et le monte sur le bateau), on l’estime à 75 kilos. On fait une photo de groupe et on le relâche rapidement. C’est le pied total, c’est notre deuxième matinée et on a déjà coché une belle case !

On arrive sur une première zone de jig où je tire clairement mon épingle du jeu en Slow Jigging, je fais six poissons (carangue pailletée (voyage), carangues vertes, sérioles). Puis sur une seconde zone très transparente sur 25 mètres de fond où on aura droit à une euphorie de poissons pour tout le monde avec des quadruplés, quintuplés, etc. À chaque descente, c’est pendu. On aura le plaisir de faire nos premières carpes rouges mais aussi des job fishs, des requins pointe blanche, des pagres, des jobs roses… Quelques-uns de nos poissons se feront dévorer au passage par les requins et gros barracudas présents en nombre sur le spot.








Nous sommes en train de déjeuner lorsqu’on reçoit un appel radio de l’autre catamaran. Celui-ci nous demande si nous avons un médecin à bord… Nous répondons par la négative et commençons à nous inquiéter. On est à 12 heures de navigation de la terre et nous espérons clairement qu’il n’y a rien de grave. Après quelques minutes de flou, nous apprenons que Guillaume s’est planté un énorme hameçon de traîne dans la main. La sanction tombe : le bateau va rentrer vers Mahé tandis qu’un speed boat avec médecin viendra à sa rencontre.


L’après-midi, c’est plus calme mais je ferai un superbe wahoo estimé à 25 kilos en traîne. On ne veut pas le tuer et il est hors de question de le monter au bateau car les dents sont tranchantes comme des lames de rasoir. On le détache donc dans l’eau et il n’y aura pas de photo de ce beau poisson. Je finis la journée avec 18 poissons au compteur et un total de l’équipe de 56 poissons.
Le soir, c’est Night Crossing. Nous allons changer de spot afin que l’autre bateau puisse nous rejoindre une fois Guillaume en lieu sûr. L’équipage a bossé toute la journée et nous nous relayons donc à la barre (en pilote automatique) afin d’être sûrs que tout se passe bien pendant la nuit. Nous prenons le second quart avec Alex et Jérôme (de 22h à minuit). La voie lactée est incroyable et nous mesurons la chance que nous avons d’être seuls au bout du monde. À minuit, nous réveillons Niels qui assurera jusqu’à 4h du matin jusqu’à ce que le capitaine prenne le relais.

Jour 3 : La GT du Guatémaltèque
Lorsque nous nous réveillons le matin, nous sommes sur spot et commençons à popper mais sans résultat. Après un petit déjeuner bien mérité, il est temps de jigger et nous pêchons pendant plusieurs heures en enfilant les dérives et les poissons. À l’heure du déjeuner, comme à chaque fois, Niels met le bateau en configuration traîne avec quatre cannes à l’eau. À peine quelques minutes et c’est un départ. Le capitaine prend la canne et attend que Jérôme s’équipe. Il est formel, c’est un marlin. Nous avons hâte de voir la bête mais, malheureusement, après quelques minutes de combat, c’est une décroche. Tout n’est pas perdu pour lui puisque, quelques minutes après, Jérôme nous sortira au jig une superbe carangue GT de plus de 30 kilos, sa première ! On est tous très contents pour lui, d’autant plus que personne n’est en reste, nous enfilons les poissons à la vitesse de la lumière et avec une variété impressionnante : truite de corail, mérou lune, mérou étoile, doggie (111 et 112 cm). Lorsque arrive 18h, nous en sommes déjà à 101 poissons. Après le dîner, nous sommes toujours insatiables et alors que nous sommes ancrés de nuit, nous sortirons 14 carangues gros yeux, une belle carangue GT de 30 kilos pour Niels et un gros barra viendra engloutir une carangue d’Odin. La journée se finit donc à 116 poissons, superbe performance.















Jour 4 : Un physique éprouvé
Ce matin, il y a peu de vent et il fait déjà une chaleur étouffante. La fatigue commence à se faire ressentir dans le groupe. On boit des litres et des litres d’eau et on est perclus de partout : mal de dos, mal aux bras, coups de soleil, manque de sommeil. C’est seulement le 4e jour et on n’était clairement pas prêts physiquement… Pourtant, je me suis beaucoup entraîné avec plus de 120 séances de crossfit avant mon départ mais rien n’y fait. On utilise des muscles qu’on n’a pas l’habitude d’utiliser et surtout on tire dessus sans répit. Les jigs sont lourds et il faut les remonter à toute vitesse si on veut une chance d’attraper un gros doggie. En plus de cela, il faut animer la canne. Quand on descend 300 grammes à 100 mètres de fond sous 40 degrés et qu’on le remonte à vide 8 ou 9 fois, ça fait mal au moral et dans tout le corps. Si jamais on a le bonheur de prendre un poisson, c’est le double effet kiss cool, on va devoir remonter un gros poisson qui n’en a pas envie et ce sont de gros efforts. C’est le but recherché bien sûr mais tout cela pour vous dire que c’est vraiment éreintant et que « pêche sportive » porte clairement bien son nom. Si vous rajoutez à cela, la chaleur, le vent, les vagues, ça fait un bon cocktail. Autant vous dire que si cela ne mord pas, c’est une guerre des nerfs. J’aime à dire qu’il faut être en mode « robot ». En tant que pêcheur de brochet, j’ai l’habitude de lancer des gros leurres toute la journée et d’attendre seulement une seule touche. Il faut arriver à déconnecter une partie de son cerveau tout en restant concentré car il ne faut pas rater la touche si elle arrive. C’est mathématique, pour prendre du poisson, il faut que le leurre soit à l’eau et c’est souvent comme ça que j’arrive à me raisonner durant un coup de mou.
Bon, heureusement, on est aux Seychelles et au bon moment, car la pêche est super bonne. J’enchaînerai encore aujourd’hui 22 poissons dont 2 doggies et ferai un de mes rares poissons au popper, un job fish (qu’on appelle aussi poisson poulet). C’est incroyable la défense qu’ils ont ces poissons, on est toujours surpris de la taille par rapport à leur puissance. Odin tapera une belle GT ainsi qu’un très beau barra en traînant un de mes gros sticks Nomad avec ma canne ! Eh oui Odin, c’est bien de voyager léger mais après, on pêche avec le matériel des copains, hein 😉
Loupiot fera sa première GT avec un des poppers favoris de son père, lui-même pêcheur émérite. Personne ne sera en reste avec un score total pour l’équipe de 87 poissons.


















Ce sera aussi le seul jour où nous croiserons un bateau et donc d’autres humains que notre équipage. Lorsque nous apercevons un bateau au loin, on n’est pas rassurés. On a croisé personne jusqu’à présent, et on se demande bien pourquoi il se dirige vers nous. Finalement, alors que le bateau est à une trentaine de mètres, notre équipage commence à échanger avec les autres en créole. C’est une bonne chose, ce ne sont pas des pirates somaliens ! En fait, il s’agit de pêcheurs seychellois d’holothuries (concombres de mer). Ça fait plus de 20 jours qu’ils sont en mer à plonger pour récupérer leur précieuse cargaison afin de la revendre aux Asiatiques férus de ce mets. Ils doivent bien être 8 ou 10 sur un bateau qui est clairement vieux et cinq fois plus petit que le nôtre. Finalement, ils voulaient juste gratter quelques cigarettes.

Nous avons eu des nouvelles de Guillaume. Il va bien mais a quand même dû se faire opérer à Mahé. Les Danois sont repartis sans lui et continuent de pêcher à l’aide des cartes et des bons conseils de l’équipage.
Jour 5 : Slow Jig Day
Aujourd’hui, je fais clairement la différence en slow jig. Je prendrai 25 poissons sur les 93 pris par l’ensemble de notre équipe. À noter quand même une superbe sériole prise par Loupiot et une belle GT prise à la traîne par Jérôme. Je me rends compte que mes coéquipiers sont fatigués et que l’envie n’est plus la même. Cinq jours sans voir la côte ou le moindre rocher jouent sur le moral. La pêche est excellente mais la fatigue l’emporte. Nous décidons d’ores et déjà d’annuler notre dernier jour de pêche et de le transformer en « baignade sur une plage paradisiaque ». Nous en parlons à Niels et au capitaine qui sont d’accord. C’est donc décidé, demain sera notre 6e et dernier jour de pêche, ensuite nous nous rapprocherons de Mahé et apprécierons notre dernier jour en mode baignade et farniente.













Jour 6 : En l’honneur de mon grand-père Jacques
Ce matin pendant le petit déjeuner, je vois Niels et Alexandre discuter d’un message qu’Alex a reçu sur le téléphone de Niels (celui-ci reçoit des messages par satellite qui nous permettent de donner et recevoir des nouvelles de nos familles). Alex me regarde bizarrement et me demande de lire un message. Sa femme Charlotte a écrit : « Dis à César d’appeler sa femme car son grand-père est décédé ». Je reçois le message comme un coup de poing, mon grand-père n’allait pas bien et je me doutais que ça pouvait arriver. J’ai immédiatement une pensée pour ma mère, mon oncle et mes tantes. Dans ma tête, tout va très vite : il était très âgé, il a bien vécu, il n’a pas souffert. C’est lui qui t’a fait connaître cette passion commune qu’est la pêche. Tu vas rentrer dans deux jours, il aurait aimé que tu profites de cet instant à fond. La pêche est particulièrement plus difficile aujourd’hui. Il fait super chaud et, mis à part Loupiot qui est le plus jeune et déborde encore d’énergie, je suis le seul en mode « robot » à jigger pour faire encore et toujours un « dernier » poisson. J’essaye de motiver les autres en leur disant que c’est notre dernier jour et de temps en temps ça marche, ils se relèvent, prennent leurs cannes, font quelques descentes… Finalement, nous ferons un superbe doublé de doggies avec Loupiot et ce n’est que justice car on n’a rien lâché. J’emporte avec moi le record du plus beau doggie du séjour sur ce coup de ligne, un poisson de 1m37. Ce n’est pas un monstre pour ici où on peut clairement flirter avec des poissons de plus 1m80 mais c’est quand même mon plus beau du séjour et je vois cela comme un signe en l’honneur de mon grand-père qui était un féru de pêche au thon. Le mien est à dents de chien mais c’est un thon quand même !

Loupiot sortira une sériole de 1m27. Je ferai en tout 10 poissons et le total de l’équipe aujourd’hui est de 32 poissons, notre plus petit score mais quel séjour exceptionnel… On aura fait 442 poissons au total (environ 3 tonnes) et une diversité incroyable de 28 espèces différentes ! Pour ma part, j’ai fait 104 poissons et j’aurais clairement signé pour faire la moitié de ce total.








Voici la liste des poissons pris pendant le séjour:
Carangue GT, Carangue Verte (Caca), Carangue Bleue, Carangue Gros Yeux, Carangue Pailletée (Voyage), Mérou Lune, Mérou Etoile, Mérou Rouge, Mérou Golden (rayé), Mérou Babone, Mérou Tacheté, Truite de Corail, Bourgeois, Job Jaune, Job Rose (Rosy), Job Bleu (poulet), Thon Jaune, Thon à Dent De Chien (Doggie), Bonite, Wahoo, Barracuda Bécune, Grand Barracuda, Espadon voilier (Sail Fish), Sériole (Amberjack), Bec de Canne, Requin pointe blanche, Baliste, Carpe Rouge.
Jour 7 : Snorkeling et farniente
Après avoir commencé notre chemin de retour vers 17h la veille, nous arrivons à Mahé vers 8h du matin. Nous souhaitons acheter des bières et des glaçons alors nous faisons une rapide descente à terre au « Métro » local. Nous repartons nous ancrer dans une baie et le choix du capitaine se porte vers celle où se trouve le Club Med. Comme ils ont la réputation de toujours choisir les plus belles plages, ça nous rassure sur son choix. L’eau est superbe et nous nous mettons vite à l’eau avec palmes, masques et tubas. Les fonds sont incroyables et nous apprécions enfin notre petite balade, les pieds dans le sable. Les Seychelles quoi…
Après un super déjeuner (comme toujours) et une réelle sieste, une pluie tropicale nous tombe dessus. Malgré cela, on continue de se baigner et au bout de quelques heures, on tourne en rond et on serait bien retourné à la pêche lol. En fait, si je devais refaire ce séjour, il nous faudrait juste une petite pause plage d’une demi-journée à la moitié du voyage et ça serait le paradis. Nous profitons d’être proches de Mahé et de notre connexion téléphonique pour appeler la famille et geeker un peu. On commence à ranger les affaires. Nous passerons notre dernière nuit sur le bateau, demain retour à la vie réelle.





Jour 8 : Last Day
Il est 6h et le soleil est à peine levé quand j’entends du bruit sur le pont. Lorsque je sors de la cabine, le bateau est au quai de la station-service et tout le monde est en train de pêcher en hurlant. C’est l’euphorie, le port est rempli de barracudas et ils se font attaquer nos leurres par plusieurs poissons qui se les disputent. J’essaye quelques leurres à brochet que j’avais amenés et tente quelques lancers au Balam et au Jointed. J’ai des suivis mais ça ne mord pas, ils semblent préférer les casting jigs et autres minnows. Bonne petite pointe d’adrénaline pour le réveil ! Le plein terminé, on arrive finalement au quai de la Marina où Guillaume nous attend, la main bandée. Il nous raconte sa mésaventure et heureusement tout est bien qui finit bien, il pourra même repartir dans deux jours pour accompagner les clients suivants.
Nous repartons avec l’avion du soir qui décolle à minuit alors, au lieu d’attendre comme des âmes en peine, Guillaume nous propose de louer une maison avec piscine pour la journée. Celle-ci est un peu éloignée du centre-ville mais nous négocions avec notre taxi plusieurs voyages afin de nous amener déjeuner, faire du shopping, nous ramener à la villa et enfin à l’aéroport. Après un piètre déjeuner dans un restaurant italien, nous achetons quelques babioles pour touristes et il est déjà 16h quand nous rentrons à la villa. Gros rangement dans nos affaires, échanges de cartes SD vidéos et Guillaume nous montre les quelques images qu’il a faites avec les Danois. Ces derniers ont clairement pêché de plus gros poissons que nous. Pour le nombre on ne saura jamais… Dans tous les cas, on est vraiment contents de notre voyage et on reviendra !
Une sieste et une petite douche plus tard, nous revoilà dans le taxi pour aller à l’aéroport. Le voyage retour se fera sans rien de notable, on est tous très contents de rentrer chez nous, revoir nos familles et retrouver nos vies en attendant notre prochain FISHING TRIP !

Et voila la vidéo:
