8 ans après mon premier voyage exo, je repars avec une nouvelle équipe au Panama chez Olivier Charpentier, un guide qui m’a laissé un super souvenir avec un professionnalisme et une passion qui m’avaient alors marqué.
Nous sommes 6 : Virgile, Odin, Rémi, Jérôme (dont c’est le premier voyage exo), Philippe (qui était déjà du voyage en 2014) et moi-même. Nous serons donc 2 bateaux de 3 pêcheurs avec un programme simple : un bivouac de 6 jours de pêche sur l’île de Jicaron qui se trouve juste derrière l’île de Coiba.
Après un vol Nice – Paris puis Paris – Panama City, nous arrivons à l’hôtel pour une première nuit dans ce pays. L’hôtel se trouve à seulement 15 minutes de l’aéroport, il offre normalement une navette gratuite mais après une demi heure à l’attendre devant le terminal, nous décidons finalement de payer un taxi pour nous y emmener. L’hôtel ne casse pas 3 pattes à un canard mais il est moderne et dispose d’une très grande piscine où nous nous empressons d’aller boire notre premier verre panaméen. Nous sommes enfin en vacances, nous dînons rapidement à l’hôtel, un repas médiocre à base de ceviches surgelés, steaks carbonisés et bières fraiches (heureusement) avant d’aller dormir, pressés d’en découdre avec les poissons.

Le lendemain matin, nous nous levons à 6h30 car nous devons prendre un vol interne ralliant la capitale à David. Nous arrivons finalement à l’aéroport de David vers 9h, Olivier et sa femme Suzy nous y attendent. Les retrouvailles sont chaleureuses, Olivier nous annonce que nous partons dès l’après-midi pour Jicaron afin de ne pas perdre de temps, nous dormirons donc sur notre île le soir-même !

On monte tous dans le van et Olivier nous amène prendre un petit déjeuner dans une sorte de cafétéria en plein air. Des oeufs, des saucisses, un flan de coco, un café, un jus d’orange et nous voilà revigorés et prêts pour la grande aventure. Après un arrêt au supermarché, puis chez le marchand de fruits et légumes pour faire le plein de denrées pour le bivouac, nous passons rapidement chez Olivier dans le golf de Chiriqui pour y poser une partie de nos affaires, ouvrir les tubes et monter cannes et moulinets.
J’ai pris 4 ensembles, tous Travel :
1 ensemble lancer lourd Ripple Fisher 80lbs avec un moulinet Stella 14 000,
1 ensemble lancer mi-lourd Ripple Fisher 60lbs avec un moulinet Stella 14 000,
1 ensemble Jig Ioda 50 lbs avec un moulinet Stella 8000 PG,
1 ensemble lancer léger Ioda avec un moulinet Saltiga 3500H.
Nous faisons une centaine de mètres depuis la maison d’Olivier et nous nous retrouvons dans une petite marina garnie de magnifiques bateaux de pêche depuis laquelle nous allons devoir faire environ 4h de navigation pour rejoindre Jicaron, une petite île qui se trouve à côté de la grande île de Coïba.
Comme à son habitude, Odin ne peut pas attendre et commence déjà à patater des leurres depuis le ponton. Il prendra d’ailleurs son premier poisson qu’il décrochera, mais ça commence bien. Pour la traversée Philippe, Odin et Jérôme seront sur le bateau d’Olivier et de Suzy tandis que Virgile, Rémy et moi-même serons sur le bateau de Martin et son fils Junior. On n’est pas en avance et, après une première heure de navigation assez houleuse, la suite de la traversée sera beaucoup plus calme et nous aurons même le plaisir de voir beaucoup de dauphins. On avale rapidement nos Tupperware en étant tout à fait incapables d’identifier la viande qu’on mange, je demande à Martin mais ne comprends rien de sa réponse, une volaille locale d’après mon frère (finalement ce sera bien le cas : des canards chassés par Olivier)…




C’est presque à la nuit tombée qu’on arrivera sur Jicaron. Le décor est celui d’une carte postale, eaux turquoises, cocotiers, sable blanc, nous sommes vraiment heureux d’être arrivés et pressés d’en découdre. On fait rapidement des aller-retour entre les bateaux et l’île à l’aide de l’annexe afin de décharger, et tandis que Junior monte les tentes, on prend vite nos cannes et profitons du peu de luminosité qu’il reste pour faire quelques lancers du bord. Peine perdue. En 10 minutes, c’est la nuit noire et nos frontales sont attaquées par des milliers d’insectes volants non identifiés, on ne se fait pas prier pour rentrer au camp.

En parlant du camp, autant vous dire que cela ne va pas être une partie de plaisir… Nous n’avons pas d’eau douce pour nous laver (on se lave à l’eau de mer), pas de toilettes, pas de douche, et, évidemment, nous n’avons pas non plus d’électricité. Nous dormons en lisière de jungle où il y a des scorpions, des jaguars d’un côté et des crocodiles marins de l’autre. Pour saupoudrer tout cela d’une petite épreuve supplémentaire, nous sommes dans une réserve naturelle et nous n’avons pas le droit de faire de feu. Sur le papier, tout cela fait bien flipper mais finalement nous n’avons rien vu de dangereux ni de près ni de loin… Le seul truc un peu désagréable, c’est que nous marchons en permanence sur un tapis de bernard-l’ermite. Nous n’en avons jamais vu autant de notre vie, impossible de les éviter… Nous dînons confortablement assis à table d’un repas arrosé d’un incontournable rhum et filons nous coucher fatigués et plein d’espoir pour le lendemain.
Jour 1: C’est parti à Jicaron.
Après un petit déjeuner copieux à base d’oeufs, de café, de jus d’orange et des fameuses crêpes de Suzy (à défaut de Suzette), nous nous empressons de monter à bord. Nous gardons les mêmes équipes que la traversée d’hier. Les bateaux sont vastes et nous avons tous de la place pour pêcher confortablement, 2 pécheurs à l’avant et 1 à l’arrière. On ne va pas se mentir, nous sommes clairement venus pour pêcher au lancer et, si possible, attraper un poisson-coq. J’ai eu la chance d’en attraper un magnifique en 2014, Eric en avait attrapé 3 tandis qu’Hervé et Philippe (qui est revenu en grande partie pour cela) n’avaient eu que des décroches.

C’est le premier jour et tant qu’on attrape du poisson, on sera heureux ! Nous commençons les dérives près du camp et tout autour de l’île. Il faut se réhabituer à utiliser ces leurres qui sont bien plus gros et lourds que ceux qu’on utilise habituellement chez nous en Méditerranée. Les lancers, l’animation et, bien sûr, les ferrages et les combats, n’ont rien à voir avec ce qu’on à l’habitude de faire. On passe de 30 grammes à 150 grammes, les cannes sont beaucoup plus plus lourdes et puissantes, c’est un véritable sport et la forme des pêcheurs peut clairement faire la différence sur une journée de pêche.
Après 30 minutes, nous touchons nos premiers poissons, des carangues canninus (caranges jaunes, ou Yellow jack en anglais). J’avais oublié à quel point ces poissons sont puissants. Quel bonheur de les voir sortir en bancs et se jeter sur nos poppers. Nous avons effectué plusieurs doublés sans parler des décroches qui ne sont pas rares. L’après midi arrive et, contre toute attente, une heureuse surprise vient à nous puisque les thons jaunes sont là en nombre. Ce ne sont pas encore les fameuses machines à laver (Lavadora) connues du Panama mais on s’en donne à coeur joie sur des thons jaunes d’une dizaine de kilos ! La taille parfaite pour les remonter assez vite et pouvoir relancer dans la chasse. Nous nous empressons de les relâcher très vite, sauf un qui fera un super dîner pour le soir !
Encore une fois, je tiens à rappeler que nous relâchons 95% de nos prises et que l’intégralité de ce que nous gardons est mangé le soir-même ou le lendemain par notre équipe de 10. Nous n’avons d’ailleurs pas trop le choix car, hormis le peu de nourriture que nous avons apporté, nous devons pêcher pour nous nourrir.
Les poissons s’enchaînent assez vite et nous accumulons les espèces avec des carangues bleues, des bonites et je sortirai aussi une magnifique orphie. Ce poisson est très vorace. Nous avons aussi des orphies chez nous mais elles n’ont rien à voir en termes de taille, de corps et de dents. Ces dernières font réellement penser à des dinosaures et mieux vaut ne pas y mettre la main ! Alors que le soleil commence à décliner, nous rentrons tranquillement vers le camp pour faire une dernière dérive au vif (à l’aide de bonites que nous avons pêchées sur chasse). C’est Docteur Rémi qui aura le privilège de sortir sa première cubera (carpe rouge) emblématique du Panama. De leur côté, les autres ne sont pas en reste avec les premières carangues de Jérôme, des thons, un beau mullet snapper pour Philippe et une énorme carpe rouge prise au vif par Odin.
En réalité, on ne pêche pas spécifiquement au vif mais, quand on arrive sur une zone, et pendant qu’on pêche aux leurres, on essaye aussi de lâcher un vif sur une autre canne et, lorsqu’il y a un départ, on tourne à tour de rôle. Cela permet de mettre de l’animation et un peu d’adrénaline, surtout qu’on est jamais à l’abri d’attraper un très gros poisson. Après cette très belle première journée, c’est donc heureux que nous rentrons sur Jicaron.
Suzy, fort mécontente, nous attend sur le camp. Elle s’est fait harceler par la police locale qui a exigé que nous partions sur-le-champ de l’île. Olivier pêche là-bas depuis des années et a l’autorisation du chef local. Malheureusement c’est une nouvelle équipe qui vient d’arriver, ils ne sont pas au courant et ne veulent rien entendre… En réalité, ils espèrent très certainement de l’argent mais si Olivier commence à payer, il est bon pour payer toutes les semaines… Ils nous préviennent que, si nous ne sommes pas partis le lendemain à l’aube, ils saisiront les bateaux….
Le soir même, nous décidons donc de prendre leurs menaces au sérieux et changeons nos plans. Nous irons sur l’île de Montuosa qui se trouve à deux heures de navigation. La mauvaise nouvelle est que là-bas, pas l’ombre d’un poisson-coq, en revanche, de l’eau douce, le droit de faire du feu, et pas de jaguars, crocodiles, ou encore scorpions. C’est aussi une des zones les plus connues pour la pêche au marlin dans le monde. Ce n’était pas notre cible de départ mais il y a pire que d’aller tenter d’attraper le poisson mythique du livre Le vieil homme et la mer.













Jour 2: Hasta Luego Jicaron, vamos a Montuosa
Afin de tenter de faire un coq quand même, nous décidons de rester le matin sur la zone pendant que Suzy et Junior démontent le camp. A midi, nous irons les récupérer sur la plage afin de mettre les voiles sur Montuosa. Nous changeons les équipes avec Odin qui viendra avec Rémi et moi pendant que Virgile ira sur l’autre bateau avec Jérôme et Philippe. Nous reprenons sur les chapeaux de roue sur la même lancée que la veille avec des doublés et des triplés de carangues. Malheureusement, aucun coq ne montrera le bout de son nez….



Arrive midi, nous chargeons les affaires sur Jicaron et mangeons rapidement le temps de la navigation vers Montuosa qui dure environ 2H. Sur le chemin, nous croisons de superbes chasses de bonites. Junior qui est avec nous et n’a jamais péché est tout excité, je lui donne un poisson à combattre. Lorsque le poisson arrive au bateau, crack…, un mauvais mouvement, et la canne se casse… les boules…. Nous arrivons sur Montuosa qui est vraiment splendide, une colline de jungle avec, d’un coté ,une côte rocailleuse et, de l’autre, une très grande plage. Nous déchargeons les bateaux et arrivons à l’endroit du bivouac qui est bien plus cosy qu’à Jicaron. Un petit abri pour cuisiner, de la place pour mettre nos tentes, un endroit pour faire du feu, c’est vraiment paradisiaque.

On s’empresse de repartir pour une courte après-midi de pêche. Il fait super chaud et, après avoir tenté de faire des poissons au lancer sans succès à part quelques Thons jaunes et Bonites que nous avons préservées dans des Tuna Tube, Martin nous propose de traîner un peu. Ce n’était pas prévu dans notre programme de base mais il y a toujours quelques cannes de traîne sur le bateau. Il fait super chaud et on se dit que ça nous permettra de nous reposer un peu.
Il existe 2 techniques différentes : « Plastico » (leurres en plastique) ou « Vivo » (vifs). Comme on a déjà nos vifs, Martin se met à l’oeuvre avec 3 cannes. Après une heure de traîne sans résultat, Martin décide de passer aux leurres. Une première canne près du bateau sert de teaser avec un siffleur (sorte de petite jupe de calamar avec une tête trouée qui siffle dans l’eau) pendant que les deux autres cannes sur les côtés sont équipées de grosses jupes colorées avec une grosse tête en plexi. Ces dernières sont placées à des distances bien précises que Martin calcule à l’oeil selon la vague formée par le bateau lorsqu’il est à la bonne vitesse. Aucun d’entre nous n’a déjà péché de cette manière donc Martin nous fait l’explication. Pourquoi il place les lignes de telle ou telle manière et, surtout, ce qu’on devra faire en cas de touche.
Après s’être distribué les cannes pour savoir qui combattra en cas de touche, on se met à l’ombre et regardons les leurres évoluer. Autour de nous, il y a pas mal de beaux bateaux qui sont en traîne et, à la radio, tout le monde s’échange des infos avec des noms, des surnoms et des phrases auxquelles on ne comprend pas grand chose mais qui ont l’air de bien faire marrer Martin. Au bout de 20 minutes à traîner nos leurres, la canne N°1 commence à siffler, Martin hurle Marlin, Marlin !! Et pas le temps de faire quoi que ce soit, Martin attrape ma canne et ferre le poisson avant de me la tendre… Je commence le combat et nous apercevons effectivement un Marlin sauter plusieurs fois au loin avant que « plouf » le poisson ne se décroche…. Dépités, nous ramenons la ligne et nous nous apercevons que c’est en fait le câble de l’hameçon qui a cassé, la poisse…. J’avais mon premier marlin au bout de la ligne!
Quelques minutes plus tard, rebelote et c’est cette fois la canne N°3 qui part et, même scénario, Martin prend la canne, ferre et tend la canne à Odin. Après quelques sauts, le marlin se décroche, pas de chance…. On est doublement frustré. Non seulement on a raté 2 marlins mais, en plus Martin ne nous a pas laissés ferrer le poisson. On lui explique et, en rigolant, il nous dit qu’il voulait assurer nos premières prises et qu’il nous laissera les prochaines. Alors qu’il ne se passe plus rien depuis 40 minutes, on voit des chasses de thons jaunes, on se jette sur nos cannes et nous balançons des poppers ! Enfin de l’action, des poissons au bateau, des doublés, des décroches. Nous arrêtons donc la traîne et Martin décide de nous amener jigger. Nous ferons alors nos premières Sérioles Rivoliana et Sérioles roses.



De l’autre coté, l’autre bateau a eu beaucoup plus de réussite à la traîne. Virgile, Rémi et Jérome (alias le Guatémaltèque) ont sorti 2 belles dorades coryphenes.

La journée s’achève et nous rentrons sur notre magnifique île, pleins d’espoir et de promesses pour les jours suivants. Après une première douche à l’eau douce dans le puits aménagé par Olivier, c’est apéro à base de bigorneaux et de caïpirinhas, dîner de poissons et de fruits, grand feu de joie et rigolade. Nous nous couchons fatigués mais heureux.



Jour 3: le Ying et le Yang
Ce matin et, comme tous les matins, nous nous levons dès les premières lueurs du soleil et, pendant que Suzy prépare le petit déjeuner, nous tentons de faire des poissons du bord, Je pars avec Rémi et Virgile, la plage est assez grande sur tout le côté de l’île et nous devons marcher un moment pour essayer de trouver des parties sans trop de rochers. Malgré cela, et avec la marée, il est très compliqué de ne pas casser dès qu’on prend un poisson de taille correcte car ils filent directement dans les rochers et les tresses explosent au moindre frottement. Nous y aurons laissé quelques leurres….
Aujourd’hui, je suis avec Odin et Philippe sur le bateau de Martin. Alors que nous poppons toute la matinée sans réussite, Odin a très mal au ventre et nous le déposons au camp vers midi. Nous passons 2 heures à traîner sans succès, puis une bonne partie de la fin d’après-midi à jigger sans trop de succès non plus. La journée est difficile et, à part quelques petites sérioles roses et des pélamides (je ne savais même pas qu’il y en avait), c’est le zéro pointé. Une journée sans, comme on dit… Martin nous propose donc de mettre les pélamides en vif… et sur la fin d’après-midi, comme par enchantement, ces poissons qui ont refusé nos leurres toute la journée se jettent sur nos appâts et, à 1 minute d’intervalle, nous sortons avec Philippe chacun notre belle Cubera… De quoi ne pas s’apitoyer sur notre sort le reste de la soirée.






Sur l’autre bateau, 2 superbes Dorades Coryphenes et c’est le grall, un magnifique Marlin combattu par Rémi. Une super cession au jig également. Ils nous montrent les photos et vidéos, leur joie est palpable et nous la partageons avec eux. Un moment hors du temps pour un poisson exceptionnel.








Odin n’est pas au top, heureusement Docteur Rémi est bien équipé et lui donne ce dont il a besoin pour se requinquer. Feu de joie, poissons sous toutes leurs formes et sommeil lourd jusqu’au lendemain.


Jour 4: Une journée de folie, un combat épique
Ce matin, je vais enfin sur le bateau d’Olivier accompagné de Rémi et Virgile. Nous commençons rapidement à peigner au stick autour des têtes de roches et enchaînons les prises, des carangues hyppos, des carangues bleues. L’endroit est magnifique et nous avons la chance d’apercevoir un requin-baleine et tout un banc de raies géantes.
Olivier nous amène vers des falaises immergées dans environ 25 mètres d’eau et nous prévient qu’il y a de grosses carpes rouges. Quelques minutes après notre arrivée, C’est le doublé avec Rémi, nous sommes attelé aux bêtes. «C’est des grosses Cubera » prévient Olivier. Alors que je suis en plein combat en train de pomper sur la ligne, elle change de stratégie et fonce vers le bateau, je mouline comme un dingue et reprends le contact mais c’est trop tard, elle a foncée dans un trou et la ligne casse, j’ai les boules. Rémi lui sortira son poisson et à défaut d’une Cubera c’est une belle carangue.

Il est 11h du matin, ça fait déjà 3h qu’on pêche sous une chaleur de plomb et nous décidons de nous mettre en traîne au « plastico ». J’avoue que, même si cette pêche permet de prendre de superbes poissons, cela m’excite moins que le lancer ou le jigging et, surtout, je n’aime pas ces gros moulinets casting de traîne américains qui obligent à changer nos habitudes en moulinant de la main droite…
J’avais dit à Olivier que j’aimerais traîner en spinning. Ce n’est pas l’idéal car ça vrille la tresse et que les cannes ne sont pas trop faites pour cela mais l’occasion se présente car un des moulinets d’Olivier est cassé. Il met donc ma canne de jigging 50lbs en action avec un petit teaser en canne du milieu (plus près du moteur donc). Au bout de 20 minutes, c’est la canne de droite qui part. Rémi, qui a pris un marlin la veille, laisse Virgile s’emparer de la canne et gérer le combat. On voit le poisson sauter, c’est un énorme marlin. Rémi l’a vu suivre et attaquer le leurre, le poisson s’en va à toute vitesse et Olivier crie à Virgile de mouliner à fond, malheureusement c’est trop tard, le poisson s’est décroché, on est dépité.
30 minutes plus tard, Olivier aperçoit un poisson qui suit le leurre de ma canne et, bimmmm, c’est parti je vais avoir le droit à mon combat en spinning. Le poisson fuse sur le côté, je mouline comme un malade, pas moyen de reproduire la même erreur que Virgile. On l’aperçoit sauter sur le côté, il est splendide. Je ne suis pas serein du tout car c’est Olivier qui a réglé le frein du moulinet et j’ai l’impression qu’il y a pas de frein du tout, c’est un moulinet 8000 en tresse de 50 livres et il se vide à la vitesse de la lumière, j’hurle à Olivier de suivre le poisson « Oliv, Oliv, plus viiiitte ». C’est incroyable, je suis en train de combattre un Marlin de plus de 100 kilos sur une canne jigging de 50 livres. Au bout de 10 minutes de combat, il y a beaucoup moins de rush et je me retrouve à regagner du terrain sur le poisson. Mètre après mètre, la bobine du moulinet se remplit, puis au bout d’un certain temps, le combat s’engage sérieusement, le poisson ne compte pas se rendre. Je prends 10 mètres, il les reprend et ainsi de suite. J’ai un poil resserré le frein du moulinet mais je ne veux pas casser non plus et, pour gagner quelques mètres lorsque je pompe, je suis obligé de tenir la bobine. Je sens qu’il est proche et que je suis pas loin de tenir l’exploit de sortir ce marlin avec ma petite canne spinning. Je leur dis cependant que je fatigue et que je ne vais pas tarder à faire tourner la canne. On fait régulièrement cela pour les thons en Méditerranée car ça évite que le combat dure trop longtemps et permet ainsi au poisson de repartir en meilleure santé. Je sens que je ne suis plus qu’à quelques mètres mais crack, ma ligne casse…. Personne ne dit rien… silence sur le bateau, on était tellement proche. Je ne comprends pas pourquoi ma ligne a cassé… Une décroche, pourquoi pas, mais casser ? Si proche ? Après 20 minutes de combat ? En y réfléchissant ensuite, j’ai trouvé le coupable… C’est moi. La veille, alors que je m’étais accroché au fond en jiggant sur les Sérioles Roses, je m’étais décroché en entourant plusieurs fois la tresse autour du taquet du bateau afin que cela libère ma ligne, il devait y avoir 20/30 mètres de fond, exactement ce qui devait rester pour monter le marlin, la tresse a dû avoir un point de faiblesse à ce niveau-là… Je rate le poisson d’une vie à cause de cela, on ne m’y reprendra plus. Bien sûr, je suis frustré car il y a très peu de chances qu’une occasion comme celle-ci se représente. Pourtant j’en tire le positif, j’ai vu et j’ai combattu ce poisson merveilleux, il a gagné ce combat mais j’ai mes souvenirs, et j’ai le tout en vidéo ! Superbe expérience.
L’après-midi n’est pas finie pour autant. L’autre bateau a fait un Marlin. C’est incroyable, en quelques heures de traîne seulement, on aura eu 6 départs de Marlins et 2 au bateau ! Certains pêcheurs attendent une semaine entière pour avoir la chance d’avoir, ne serait-ce qu’un seul départ… On est vraiment dans un endroit exceptionnel. De notre côté, on décide de se mettre un peu au jig et on fera, encore une fois, de belles carangues bleues et ma première carangue à plumes. Virgile, lui, fera un combat dantesque avec une carangue bleue puis à peine remontée alors que je suis entrain décrocher son poisson, il se jettera sur la canne avec une bonite morte et remontera une belle petite cubera. On alterne Pop et jig et on sortira des poissons de toutes sortes, Blue Runner, et un énorme (pour son espèce) Roquero (Pagre de roche) pour Rémi.








Il commence à se faire tard. On rentre sur notre île, les autres sont déjà là et ont, eux aussi, passé une superbe journée. Ils ont même récupéré de la glace auprès d’un bateau de pêche qui passait par là et, grâce à eux, on peut enfin recommencer à boire frais, car nos glacières, tant sur l’île que sur les bateaux, en manquaient cruellement… eh oui ce n’est pas tout confort la pêche en expédition ! En dînant le soir, Olivier nous propose de partir chasser le crabe de cocotier. Ces derniers sont énormes et peuvent peser jusqu’à 4 kilos. Ce sont les plus gros arthropodes terrestres… Ils se nourrissent exclusivement de cocotiers et leur chair est, d’après Olivier, succulente. Nous partons donc à la recherche de ces fameux crabes autour de l’île armés de nos lampes de poches. On fait attention à tout car on n’est pas forcément rassuré de ce qu’on va trouver en soulevant les palmes de cocotiers… Après 1h30 de randonnée sous une chaleur et une humidité importantes, on abandonne… bredouilles…


Jour 5: Big Mama, dauphins joueurs, Rivolianna, et Pêche sur épave
La journée commence comme la précédente (avec les mêmes équipes par bateau) sur des postes magnifiques avec de l’eau turquoise et quelques patates de roches. Nous ouvrons rapidement le bal avec de belles carangues, tandis que Rémi se fait happer la sienne par un requin (certainement un requin bronze d’après Olivier). Heureusement peu après cela, nous retournons sur une zone à Cubera que nous peignons avec le fameux stick Charpentier. Rémi se fait dégommer et s’engage alors un gros combat d’où il sortira vainqueur avec une magnifique big mama cubera.

Le jour avançant, comme à notre habitude, nous décidons d’aller prendre quelques bonites avant de les traîner, mais quelque chose d’inattendu arrive. De gros dauphins très joueurs ont décidé de faire de nous leurs victimes. Ils nous suivent et, à chaque fois qu’on pêche une bonite, ils les prennent dans leurs gueules, nous vident 100 mètres de tresse, lâchent leurs prises et font deux saut pour nous montrer que ce sont eux les boss… Encore et encore… Impossible de sortir une bonite…. Après 1 heure de tentative à les déjouer, nous abandonnons. En naviguant vers une nouvelle zone, on aperçoit un espadon voilier qui nage tranquillement juste en dessous de la surface de l’eau. On essaye tous nos leurres mais rien n’y fait, il reste stoïque, ne fuit pas et continue de se promener comme si de rien n’était… Finalement je me décide à prendre ma Go Pro et à le filmer, ça sera toujours ça de pris !
On part finalement sur une zone de jig. Je dis à Olivier que je rêve de prendre une grosse sériole rivoliana et, après quelques tentatives, elle est enfin au bout de ma canne, magnifique. On prendra aussi des sérioles roses et différentes sortes de pagres. Après quelques dérives, on aperçoit une « épave ». Contrairement à nos habitudes méditerranéennes, ici, une épave est quelque chose qui flotte, la plupart du temps un amas de roseaux, de branches, de troncs. Les petits poissons s’accumulent sous la structure et les gros viennent donc les chasser. Le but est de lancer des poppers ou des stickbaits autour de cette structure afin de prendre les prédateurs. Il y a beaucoup de blue-Runners sous l’eau accompagnés de carangues et nous fêtons cette journée par un beau triplé.




Jour 6: A la recherche du coq perdu
C’est le jour du départ et notre dernier petit-déjeuner sur l’île de Montuosa. L’humeur est au beau fixe. Quoi qu’il se passe aujourd’hui, ça aura été, malgré les diverses péripéties et la rudesse du bivouac, un super voyage. Notre plan est simple, on ira pêcher le matin sur place pendant que Suzy et Junior démonteront le camp. On les récupérera à midi pour tenter l’après-midi, sur le chemin du retour, d’aller sur les zones à poissons-coqs (Rooster Fish en Anglais ou Pez Gallo en espagnol) d’Olivier et, enfin, décrocher ce trophée.

J’embarque avec Odin et Rémi et nous nous dirigeons au nord de l’île alors que, jusqu’à présent, nous avions principalement pêché sur d’autres zones. Ce matin-là, j’ouvre le bal avec un thon jaune pris sur chasse au Popper. Un rude combat mais qui se finit beaucoup plus vite que chez nous. En effet, avec un gros Popper dans la gueule, les thons sont beaucoup moins combatifs qu’avec un petit raglou planté au ras des lèvres. Quelques minutes plus tard, c’est Odin qui va nous sortir une superbe cubera au Popper ! Puis Rémi se met aussi à crier, c’est gros c’est gros… sauf que finalement ça sera une belle carangue qui lui aura bien mis la misère. La force que développent ces poissons est incroyable.


Nous continuons la matinée en enchaînant sur une épave bien visible, il y a pas mal de remous et on sent qu’il y a de l’agitation. Je sens une énorme attaque dans mon Popper et c’est le déchaînement de violence, je sortirai mon premier beau « Mullet Snapper », bientôt rejoint par Rémi avec le frère jumeau de mon poisson et Odin avec une belle carangue, c’est le triplé !

On assiste à un quart d’heure de folie où nous multiplions les prises de carangues, orphies et de thons. C’est l’euphorie sur le bateau et même la canne à vif avec sa bonite morte trouve son bonheur. Olivier nous prévient qu’il y a un départ mais nous sommes tous attelés à notre poisson et nous le prions de faire le combat, il en sortira encore une superbe big mama. Au même moment, l’autre bateau qui se trouve pourtant à quelques centaines de mètres de nous n’a rien fait ! Ils nous entendent hurler de joie toutes les 5 minutes tandis qu’eux restent bredouilles… C’est la loi de la pêche, on a trouvé cette épave magique au hasard de notre navigation.




Du coup, lorsqu’on rentre au camp récupérer Suzy et Junior, Philippe est d’humeur exécrable, il tient absolument à prendre son coq et il sent que c’est une mauvaise journée pour lui. Pour tenter d’inverser sa mauvaise humeur, je lui propose d’échanger ma place sur le bateau d’Olivier. Pour ma part, j’ai déjà pris un coq (il y a 8 ans certes) et, en plus, je n’ai pas encore pêché avec le Guatémaltèque (Jérôme). Nous échangeons donc nos places et, après avoir dispatché le matériel du bivouac sur les deux bateaux, nous repartons vers la côte pour nos dernières heures de pêche à la recherche du poisson-coq.
Pour faire simple, nous n’avons jamais trouvé les coqs mais on s’est vraiment éclaté sur les carangues au poppers avec des attaques à vue monstrueuses. Nous avons fait plusieurs doublés et j’ai brisé la malédiction du Guatémaltèque qui n’avait pas pris une seule Carangue hippo du séjour.



Arrivés au dock chez Olivier, l’autre équipe nous apprend que 3 coqs ont suivi les leurres de Philippe, mais qu’ils ne se sont pas faits leurrer…. Encore un voyage au Panama sans que son objectif soit accompli. On en plaisante encore: « mon coqqqqqq, mon coqqqqqq, je veux mon coqqqqqqq »…. N’empêche qu’il faudra bien y retourner.
On sur-kiffe notre douche chaude, notre dîner de langoustes et de frites et notre nuit dans les chambres climatisées sur des bons matelas bien douillets !

Le Départ
Le lendemain, Olivier et Suzy nous ramènent à l’aéroport de David et récupèrent une équipe d’Italiens pour une semaine de Bivouac. Il faut savoir qu’ils passent 9 mois de l’année en bivouac, c’est un travail qui demande une implication incroyable dans des conditions de vie assez rudes. Seule la passion permet de faire cela.

Arrivés à Panama City, nous avons quelques heures de battement et nous en profitons pour aller déjeuner dans un bel hôtel. On fera simple, on a tous envie de viande ! Un bon Burger, c’est tout ce qu’on veut.








Un grand merci à tous mes compagnons de voyage, à la famille Charpentier et à leur équipe. Quelle expérience, je ne m’en lasserai jamais… J’ai d’ailleurs, depuis, fait 2 autres voyages, un en Suède et un en Amazonie brésilienne. Je vais devoir vite retourner à mon clavier pour vous raconter tout cela !