Me voilà de retour à Miami pour 3 rendez vous business et 3 rendez vous pêche ! Cette fois ci j’ai joint l’utile à l’agréable en amenant avec moi femme et enfant. Philippe mon ami pêcheur (CF mon article de Panama) est aussi venu en vacances avec sa femme.
Pour l’occasion nous avons loué une maison au bord de l’eau à Miami Beach (Surfside, pour ceux qui connaissent), les proprios qui sont des amis, m’ont affirmé que des locataires ont déjà attrapé d’énormes requins marteaux et Cadogan leur fils de 17 ans a déjà pris des petits requins, des barras et même des raies depuis le ponton de la maison. A peine arrivé Phil attrapera presque sur son premier lancer une petite Carangue, c’est de bonne augure et nous promet déjà une super semaine.
Je suis déjà venu à Miami et je m’étais éclaté en light mais cette fois çi nous avons un objectif précis: Philippe et moi voulons attraper un des plus beaux trophées de pêcheur, un poisson qu’on surnomme « le roi argenté »: le Tarpon. Celui çi est beaucoup péché dans les lagunes d’Afrique de l’ouest (notamment au Gabon), en Amérique Centrale et un petit peu dans les caraïbes (je m’y étais déjà essayé dans les petits marais à Saint Martin mais sans succès). Le tarpon peut facilement atteindre les 150 kilos, mais même un baby tarpon de quelques kilos donne beaucoup de fil à retordre. En effet ce poisson a d’énormes écailles argentées qui forment une armure difficilement pénétrable par les hameçons, sa bouche est gigantesque et cartilagineuse. Pour compliquer les choses c’est un poisson qui effectue d’énormes sauts pour échapper à l’étreinte des pêcheurs, il est connu pour ces combats dantesques et il ne rend les armes qu’après de très rudes combats.
Pour arriver à nos fins, je décide de faire appel une nouvelle fois au capitaine Tom Weber de Florida Native Fishing qui m’avait fait une très bonne impression la dernière fois. Nous n’avions pas pu attraper de Tarpon car ce n’était pas la saison mais cette fois çi c’est clair que nous aurons notre chance. Matthieu, un forumiste Canadien d’Exo-Thonic m’avait conseillé de faire appel à Captain Brent de GreyBeard SportFishing moins cher que la norme et réputé très bon guide. Je réserve donc une journée avec Tom ainsi qu’une journée et une pêche de nuit avec Brent.
La semaine commence mal puisqu’il y a beaucoup de vent et il ne fait pas beau, il fait même froid ce qui est plutôt rare à Miami. nous arrivons finalement à sortir une première après midi et décidons que nous enchainerons la nuit avec Brent (les Tarpons sont réputés pour se nourrir principalement de nuit). Après nos traditionnels emplettes à Bass Pro Shop c’est tout excités que nous nous rendons Philippe et moi dans la Marina de Crandon Park pour notre premier rendez vous de pêche. Il est 13H, ça souffle pas mal mais il fait relativement beau. Captain Brent nous accueille sur sa « lancha » un bateau assez simple utilisé traditionnellement en Amérique du sud; réputé pour sa bonne tenue de mer il est cependant loin des standards Américain qui sont légion dans cette région pleine de Fishing Boat magnifiques. Brent est très professionnel et le bateau est bien équipé. Vivier, portes cannes, sondeur, GPS, tout y est… ! Philippe a amené un ensemble travel de 30 LBS et moi même un ensemble 20 LBS, j’ai pas envie de tout casser sur un gros tarpon alors je m’en remettrai aux matériels bas de gamme mais solides de Brent ! Tant qu’il fonctionne ça me va.
Après les recommandations d’usages, Brent nous amène prendre des vifs pour un trip Off Shore (un peu au large) où il nous dit que les Sailfish (Espadons voiliers) sont actifs. Je lui avais expliqué que nous ne voulions absolument pas faire de traine mais il insiste pour que nous fassions une dérive aux vifs ce qui ne nous empêchera pas de lancer nos leurres. C’est parti donc pour un petit « flat » d’a peine 1M30 de profondeur. Il met son « chums » à l’eau, une espèce de bouillie de poisson qui se délite petit à petit dans l’eau dans un petit filet et qui fait venir les petits carnassiers. Nous pêchons au toc avec un petit plombs d’1 gramme et avec des petits bouts de calamars comme appâts, après quelques minutes c’est la curée et nous sortons une vingtaine de petits Pinfish, on aperçoit quelques Ballyhoo qui restent dans 50cm d’eau mais on arrive pas à en sortir, Brent nous dit de mettre l’appât juste sous la couche d’eau. C’est parti pour une petite « compète » entre Phil et moi, le premier qui sort un ballyhoo a gagné. Finalement j’arrive pas à en faire un, en deux secondes je me fais bouffer par les nombreux voraces petits Pinfish, 7-0 pour lui, et moi je râle. Nous avons assez de vifs et nous repartons vers le large pleins d’espoirs à la recherche des magiques Sailfish.
Sur le chemin je mets un petit Rapala en traine, je prendrai un petit « spanish maquerel » vite remis à l’eau. ça bouge grave, l’eau est démontée, c’est pas très agréable. Arrivés sur zone ou d’autres gros bateaux Américains de traine cherchent aussi le Sailfish, Brent me dit que personne n’en a pris pour l’instant, je lui demande comment il le sait et il me répond qu’il est de coutume de mettre un drapeau sur son bateau lorsque c’est le cas. Hors là, point d’étendards à l’horizon. On fait descendre 2 vifs et on attend en dérive tout en jiggant au fond. On peux toucher le fameux Sailfish mais aussi des King fish, Barracuda ou Mahi Mahi, on se déplace 2-3 fois mais sans résultats, je sens que Philippe est sceptique et je dis à Brent après encore 45 minutes d’attente sans touches qu’on veut tenter de pêcher light en inshore à l’intérieur des terres. Sur le retour je ferais encore un petit barra en traine, Phil en fait un aussi en lançant derrière moi mais il le décroche.
Malgré plusieurs essais dans des coins où j’étais déjà passé l’année dernière et qui étaient très poissonneux, on fait pas un poisson ! Pas même une touche… Finalement on arrive sur un Flat où j’arriverai à faire 4 ou 5 truites alors que j’avais fait une vingtaine de poissons à cet endroit en Novembre. Phil rate tous ses poissons et commence à pester sur cette journée qui s’annonce foireuse. dix huit heures arrive vite et l’heure a sonné pour la pêche au tarpon. Inutile de vous dire qu’on fonde tous nos espoirs dans cette pêche de nuit…
On sort par le Canal qui mène à Fisher Island, une ile qui abrite une résidence de très haut standing prisée par les oligarques Russes. A peine sortie, Brent met en dérive 2 crevettes vivantes armées d’un circle hook, un hameçon recourbé qui permet de se planter facilement dans la lèvre du poisson, pendant ce temps là avec Philippe on lance des leurres en forme de crevette pour lui et de crabe pour moi.
Après quelques minutes d’attente je vois ma canne en dérive qui commence sérieusement à s’agiter. Je fonce dessus, la retire du porte canne et après avoir reçu l’aval de Brent je lui mets 2 bons ferrages bien brutaux, je sens un gros coup de tête sur ma ligne et c’est parti, le frein hurle et le poisson fonce à vive allure, j’hurle: « fish on, fish onnnnnnnnn », le poisson me prend beaucoup de fil, j’interroge Brent inquiet de la contenance de la bobine du moulinet et de la résistance du frein. Il m’indique qu’il y a 400 yards (365 mètres) en backing et que c’est bien assez. La nuit tombe, Brent suit avec le bateau le poisson qui me reprend du fil en permanence bien que je mouline comme un fou en pompant sur la canne. Je sens vraiment qu’il est gros et je m’attends à voir sauter mon Tarpon d’ici peu. Pourtant après 15 minutes de combat je vois poindre l’ombre d’un aileron dans la lampe torche de Brent, c’est un requin, il me dit que c’est un beau « Bull Shark » estimé par le guide entre 30 et 35 kilos, je suis content même si c’est pas le poisson que j’attendais. On m’avait dit que les requins ne tiraient pas beaucoup et bien celui ci m’a prouvé le contraire et m’a donné beaucoup de plaisir. On ne prend pas le risque de monter le dangereux poisson sur le bateau et on coupe le fil à ras de sa gueule. Les poissons sécrètent un acide qui éliminera bientôt l’hameçon.
Je m’excuse d’avance pour les photos qui vont suivre si elles sont de piètre qualité mais dans la nuit et avec une go pro c’était pas facile.
A peine décroché on se remet sur une nouvelle dérive, après quelques minutes à attendre j’hurle à Philippe qu’un school (banc) de Tarpon approche du bateau, je vois une vingtaine de gros poissons argentés qui se dirigent vers nous en marsouinant comme des dauphins, on lance tous les 2 avec nos leurres et c’est le doublé ! Nos deux freins chantent, cette fois ci on est surs de nous ce sont des tarpons, à peine le temps d’hurler Fish On et mon poisson se décroche, je remonte rapidement ma ligne et aide Brent à relever les 2 vifs. Pendant ce temps là Philippe a déjà eu le droit à deux sauts et c’est un énorme tarpon que nous voyons sauter hors de l’eau. Phil hurle de joie, je suis vraiment content pour lui car il n’avait pas eu de chance au Panama en ne sortant aucun poisson coq alors que c’était son objectif. Cette fois çi il est attelé sérieusement à un gros bonhomme qui nous gratifie d’une dizaine de sauts spectaculaires dont deux presque collés au bateau. Après 20 minutes de combat le poisson est au bateau, nous n’avons pas le droit de le monter mais Brent veux le gaffer dans la membrane pour qu’on puisse prendre la photo, au moment fatidique le Tarpon met un gros coup de tête et la canne de Phil se brise… le poisson est parti, je n’ai qu’une bien mauvaise photo mais l’essentiel est à jamais dans nos têtes: « Quel combat » ! Remis de nos émotions on est reparti sur une dérive, il est environ 21H lorsque la canne de mon vif s’agite à nouveau (enfin vif c’est un bien grand mot pour une petite crevette vivante). Cette fois- si c’est une canne casting américaine et c’est la première fois que je pêche avec ce matos là, je dois mouliner avec ma main droite et tenir la canne avec la main gauche, tout le contraire d’une canne classique, en plus j’ai un frein que je ne maitrise pas et je dois tenir le fil lorsque je pompe ! Je sens bien que le poisson est bien plus puissant et je le vois sauter, c’est un gros tarpon, je suis super content, après 15 minutes je commence à bien être fatigué mais il n’y a pas moyen que je cède, je me lance dans un sprint final et ramène le poisson à plusieurs reprise sur le flanc du bateau ou on se regarde en chien de faïence, je t’aurais mon coco ! Puis il se lance dans un nouveau rush. Et bis repetita… Une fois bien fatigué le poisson se met parallèle au bateau, Phil prend la photo et bye bye jolie tarpon. Brent estime nos deux Tarpons à environ 40 livres (36 kilos). Cela avait si mal commencé et nous avons eu notre poisson de rêve dés le premier jour de pêche, on rentre heureux dans les lumières de Miami, it’s magic…
La nuit a été courte car c’est dés le lendemain matin qu’on repart pour une journée de pêche avec Tom Weber. 7H le matin à la même marina de Crandon Park, ça pique surtout quand on a dormi 5H et qu’on est « jet-laggué » complet… Mais l’adrénaline est là et nous maintient frais et motivés. Tom nous dit d’ores et déjà qu’ils ont pris un tarpon de 80 kilos la veille ! On se lèche les babines et on fonce vers le spot. Pas besoin de prendre des vifs Tom a déjà des crevettes et des crabes dans son vivier. Même technique que la veille mais en plein jour sur les flats et dans 2 mètres d’eau. On aperçoit plusieurs school de tarpons mais ils ne mordent pas. On se déplace plusieurs fois mais rien y fait, Tom décide d’aller traquer les blue-fishs (Tassergals) sur les flats où nous étions la veille et où j’avais fait quelques truites. Il nous indique qu’il y en avait hier matin et qu’ils étaient friands de Popper, c’est notre type de leurre favori, j’ai ramené mon Nissart Pop et ces petits frères craftés par Olivier Bensa (merci à Sébastien Germain pour le cadeau) qui avait fait fureur sur les petites carangues l’année dernière. Malgré de nombreux essais, aucun poisson ne montre sa tête, Philippe prend un jerkbait Mirrolure conseillé par Tom et il commence à faire quelques truites dont une de belle taille. C’est tout ce qu’on prendra de la journée, ras le bol des truites… On quitte Tom un peu amer, ce n’est pas du tout de sa faute, il a été très pro, a du super matos et a fait tout son possible pour nous faire prendre du poisson mais quand ça veut pas… Sur le ponton de la marina on croise Brent qui part avec un client et je lui commande illico une nouvelle pêche de nuit pour le lendemain, je veux emmener Cadogan le fils de mes amis pour qu’il attrape son premier tarpon.
Le lendemain c’est surexcités qu’on arrive au bateau de Brent, Cadogan sait pêcher mais il n’a jamais eu la chance d’attraper un Tarpon. A peine arrivé dans le fameux chenal mon leurre en forme de crevette se fait immédiatement happer, un gros coup de tête et c’est la casse, je remonte la ligne le fil est coupé, « Shark » me dit Brent. Quelques minutes plus tard on voit sauter des tarpons un peu partout, Brent est rassuré car il nous explique qu’avec la nouvelle lune c’est quitte ou double. Finalement ça sera quitte… malgré toute notre bonne volonté on ne fera pas un seul Tarpon, Cadogan prendra quelques petits snappers au fonds et moi je prendrai un beau Ladyfish de 2 kilos. La lune aura eu raison de nous. Je suis déçu pour Cadogan mais lui vit à Miami, il aura l’occasion d’en reprendre avant moi.
C’est fou comme d’un jour à l’autre la pêche peut changer, le guide est important bien sûr mais si Poseidon n’est pas de votre coté, il n’y a rien à faire.
Tous les matins et tous les soirs on aura fait quelques lancers du ponton de la maison avec nos leurres mais sans résultat, des petits mulets, à la Carangue entière laissée toute la nuit, personne ne trouvera preneur.
Finalement le dernier jour le soleil brille et l’eau est transparente, alors qu’on prend notre petit déjeuner on entend une certaine activité sur le plan d’eau. Je m’approche du ponton et je vois une multitude de poissons exotiques qui broutent les herbes sur les piles du ponton. Quelques bancs de mullets sautent de part et d’autre, je lance un stickbait de surface en animation « walking the dog » et c’est la curée, je prendrais une dizaine de carangues, une truite et décrocherais un petit barra au ponton, même ma femme Céline s’y colle. Mais la plus belle surprise viendra alors que je range mon matériel, je vois un énorme tarpon de plus de 100 kilos passer sous le ponton a à peine 2 mètres de moi ! De toute façon je n’aurais pas pu le pêcher, je n’ai pas le matériel et je ne sais même pas si cela aurait été possible du bord avec toutes les piles de ponton j’aurais fini par casser, une petite Carangue a réussi à me mettre dedans (j’irai la libérer en Paddle) alors un Tarpon… En tout cas cette dernière matinée au ponton m’aura encore montré qu’un spot peut être mauvais pendant toute une semaine et devenir excellent d’un jour à l’autre.
Miami I’ll be back ! Il me reste pas mal d’espèces à prendre là bas, le Permit, le Snook, le Cobia, le Goliath Grouper et aussi le fameux Peacock bass en eau douce.
Fishement votre !
César.
Captain Tom Weber: http://www.floridanativecharters.com/
Captain Brent: http://greybeardsportfishing.com/
Location de maison au bord de l’eau: http://www.aplusmiamibeach.com