Le 14 Juillet 2017, c’est le tirage au sort du 3ème tour de ligue des champions et pour la première fois depuis plus de 40 ans mon club, l’OGC NICE va y participer. Je suis devant mon écran et je rêve de tomber sur un gros club. Après quelques minutes d’attente, la sanction tombe, ça sera le mythique club de l’AJAX d’Amsterdam, quel pied, je suis aux anges. Pour une fois je vais tenter de réunir mes 2 passions, l’OGC Nice et la pêche. Je sais que les eaux hollandaises sont biens garnies de carnassiers et je file sur Internet pour trouver un guide. J’aimerais en trouver un dans Amsterdam même, et je ne chercherais pas bien longtemps, ils ne sont pas légion. Le premier que je trouve est « fishing a day in Amsterdam », le bateau a pas l’air top top mais il est dispo, il est pas cher (230€ les 7H de pêche pour 2, permis de pêche inclus) et c’est un spécialiste du Sandre, poisson que je n’ai jamais eu la chance de pêcher . Après concertation avec mon frère Virgile qui habite Paris et a les mêmes passions que moi, nous décidons de le booker pour le lendemain du match de 14H à 21H.
Arrivés à Amsterdam le Mercredi, on profite de l’après midi avec les autres supporters Niçois avant de nous rendre au stade de l’AJAX, le « AMSTERDAM ARENA » c’est un stade magnifique à l’anglaise et il est déjà plein lorsque nous rentrons dans le parcage réservé au 1500 Niçois qui auront fait le déplacement. Je vous passe les détails mais notre équipe de cœur réalisera l’exploit de faire 2-2 à l’extérieur ce qui nous qualifie pour les barrages de ligue des champions et nous promet donc d’entendre au moins 2 fois la petite musique réservée à cette compétition avant chaque coup d’envoi. Le voyage aurait pu s’arrêter là et cela aurait déjà été mythique pour nous, mais le lendemain, une après midi de pêche nous attend et on compte bien prolonger le plaisir.
Le Rendez vous est pris avec notre guide « Ruud », sur un ponton qui est situé derrière la gare centrale sur le lac d’eau douce qui s’appelle le IJ. Ce lac est légèrement salé car à L’Ouest il est simplement séparé par une écluse qui mène au Canal de la mer du Nord. La plupart des canaux d’Amsterdam se jette dans le IJ et c’est ainsi qu’il existe tout un dédale de cours d’eaux exploitables par les pêcheurs. Pour les Amstellodamois on ne rigole pas avec la pollution industrielle qui fait l’objet de contrôles minutieux dans le cadre de l’une des réglementations les plus strictes du monde. L’eau est donc assez propre même si elle n’est pas potable.
A 11H je reçois un appel de Ruud qui me demande si malgré le temps on veut quand même aller à la pêche, c’est vrai que le temps est un peu couvert mais surtout il y a beaucoup de vent. Je suis assez surpris de la question, c’est assez rare qu’un guide de pêche veuille annuler une cession, d’autant plus que nous n’avions pas versé les moindres arrhes. Je lui dis qu’on est chauds même s’il neige, il rigole et me confirme notre RDV.
Lorsque nous arrivons sur le ponton, il y a déjà 5 ou 6 pêcheurs qui sont entrain de faire des lancers, l’un d’eux prendra même une petite perche pendant notre attente. Je dis à Virgile : « c’est bon signe, les poissons sont en activité ». On voit apparaître Ruud au loin, le bateau n’est pas du tout celui du site, c’est un beau Bass Boat « Lund » d’environ 6 mètres équipé d’un moteur thermique de 60cv à l’arrière et d’un moteur électrique à l’avant avec commande à distance. Il est aussi équipé de 2 sondeurs HDS7 et HDS9 avec sonde à l’avant et à l’arrière, bref on va être bien là-dessus.
Nous n’avons apporté aucun matériel de pêche alors on pêchera avec les ensembles du guide, avec ses méthodes et ses leurres.
Ruud est un spécialiste du Drop Shot (schéma çi dessous) qui est une pêche qu’on pratique en verticale. Nous utiliserons comme leurres des petits leurres souples de 5cm qu’on agite une fois que le plomb est posé au fond. On se sert beaucoup du sondeur afin de trouver des échos mais aussi du moteur électrique pour maintenir une dérive. Ruud aura fort à faire avec le vent qu’il y avait et force est de constater qu’il pilote extrêmement bien son Bass boat.
Nous commençons à pêcher tout de suite derrière la gare centrale, cela souffle beaucoup et Ruud est en permanence entrain de compenser le courant avec le moteur électrique. On pêche dans environ 4-5 mètres d’eau lorsqu’au bout de 45 Minutes j’ai une première touche, je ferre, j’ai mon poisson et il a l’air assez gaillard, malheureusement il se décrochera sous le bateau, je ne sais même pas ce que c’est mais ça relance les débats. Ya du poisson là-dessous ! Dix minutes plus tard Virgile fera le premier poisson, une petite perche mais c’est un poisson et on n’est pas capot. Ensuite c’est moi qui prendrais ma perchounette, c’est petit mais ça suffit à mon bonheur d’autant plus qu’on pêche avec du matériel très léger et que je n’avais jamais pêché en Drop shot avant cela.
Cinq minutes après ma première perche, boum, je fais mon premier Sandre en passant sous un pont, c’est un nain mais ça y est je peux rayer l’espèce de ma wishlist, c’est vraiment un super poisson, contrairement à la Perche ou au Black Bass qu’on peut tenir en mettant son pouce dans la bouche du poisson, il ne vaut mieux pas faire cela avec le Sandre car il possède des dents bien pointues et acérées. Ils ont deux jolies nageoires dorsales (qui leur font appartenir à la race des percidés) qu’on essaie de faire tenir droites pendant la photo, on s’est bien marré et j’ai mon pin’s ! Ruud qui pêche aussi en drop shot mais avec un poisson mort à la place d’un leurre, se fait bouffer 2-3 fois son appât sans succès. Vingt cinq minutes plus tard c’est Virgile qui sortira un aussi son premier petit Sandre de la journée. Certes c’est pas bien gros pour l’instant mais au moins il y a de l’activité et on ne s’ennuie pas.
Le vent forcit encore plus et on décide de changer de coin. Ruud nous dit qu’on arrive dans un canal où il n’y a pas de Sandre mais potentiellement des brochets, il nous sort deux autres cannes et on commence à trainer des gros leurres. Ceux çi s’accrochent régulièrement au fond et on récupère quelques sacs plastiques, d’ailleurs au même moment on voit une grosse péniche chargée de vélos passer au loin ; à Amsterdam il y a en moyenne trois vélos par habitant et cette péniche est chargée de ramasser ceux qui sont tombés, abandonnés ou jetés à l’eau. Héhé pas si écolo que ça les hollandais ! Enfin pas tous…
On fait comprendre à Ruud qu’on aime pas la traine et qu’on préfère lancer, on change les leurres et on commence à patater les leurres un peu partout autour de nous, le long des digues, des péniches, il doit surement y avoir du Brochet mais on a pas de touches et au bout d’une heure on demande à Ruud de nous ramener sur des coins à Sandres, les choix sont assez restreints car le vent souffle très fort et on est obligé de rester dans les petits canaux. Il y a quelques houseboat vraiment sympas, ces bateaux ont été modifiés pour être habités, ils sont pour la plupart sédentaires et ne possèdent même pas de moteur. Mais Amsterdam étant majoritairement recouvert d’eau (Amsterdam se trouve en dessous du niveau de la mer), il a fallu trouver de la place, d’ailleurs le nom de la ville vient du mot Amstelredam qui signifie « digue sur l’Amstel » qui est lui même un fleuve principal de la ville. La Hollande est le pays le plus densément peuplé de l’union européeene, plusieurs dizaines de milliers de personnes vivent sur l’eau et des nouveaux quartiers flottants entiers fleurissent sur la ville.
On retrouve très facilement un pont et on décide d’effectuer plusieurs dérives à cet endroit. Au bout de quelques minutes Boummmmm, Fish onnnnnnnnnn, c’est un gros, Ruud prend l’épuisette et après un petit combat bien sympathique il me sort le poisson, je suis trop heureux, là j’ai mon real fucking Zander !! (Appelé aussi Walleye ou PikePerch selon la langue), on le mesure il fait 58cm, mon frère est très content pour moi, il me dit « pas mal mais c’est loin de mon 78cm », salaud ! Il y a quelques années Virgile à attrapé son premier gros Sandre en Street Fishing dans la Seine sur Paris, il n’a pas fait semblant c’était un gros (3,5 kilos). Toute proportions gardées d’ailleurs car pour votre information le plus gros Sandre jamais capturé (et homologué) faisait 116CM pour 18,7 kilos. C’était en 1992 en Autriche.
Les Sandres chassent en bande jusqu’à ce qu’ils atteignent les plus de 3 kilos à partir desquels ils deviennent des prédateurs solitaires. Ces poissons dépassent très rarement le mètre mais il y en a puisqu’ils peuvent vivre jusqu’à vingt ans. Voici la courbe de croissance moyenne d’un Sandre :
Bon, revenons à mon Zander ! comme vous pouvez le voir il a les yeux vitreux, sa rétine est très proche de celle des rapaces nocturnes, il est donc tout à fait adapté à la chasse de nuit ou profonde. Quelques photos et il repart grandir encore un peu. Je suis trop heureux, mon objectif est clairement rempli. Une victoire du GYM et un beau Sandre Hollandais. Que demande le peuple ?
Ça a bien remotivé tout le monde et sous le même pont Virgile s’attelle à un beau Sandre, malheureusement pour lui il se décrochera au moment de le mettre dans l’épuisette.
Trente minutes plus tard, après quelques perchounettes, je refais un petit Sandre, j’insiste pour quand même prendre une photo, a fish is a fish ! Le soleil se couche, il est presque 20H et ça commence sérieusement à cailler, le vent forcit encore plus. On est assez loin du ponton ou Ruud nous a récupérés en revanche nous sommes près de sa voiture et de la mise à l’eau. Je lui dis qu’il peut nous laisser où il veut, que de toute façon notre hôtel n’est pas à coté de la gare centrale, on prolonge donc le plaisir encore un peu et dans les dernières minutes je refais un Sandre d’un peu plus de 30cm. Sur cette demi journée on aura fait 6 Sandres, une dizaine de Perches et on aura pris beaucoup de plaisir. On se dirige tranquillement vers la mise à l’eau accompagnés par les Canards qui doivent être habitués à être nourris par les habitants. Pour rentrer on doit prendre un Ferry qui traverse l’IJ, sur le chemin on verra une résidence étudiante bâtie entièrement en contenaires maritimes, un quartier rempli de fresques du style Miami et son « Wynwood wall », après une petite bière bien méritée devant le feu de cheminée d’un pub local on rentrera à notre hotel avec un grand sourire et des souvenirs plein la tête. Départ demain a 4H30 du matin pour l’aéroport , ça va piquer ! A la prochaine Amsterdam ! J’espere que le prochain tirage européen de notre GYM préféré nous donnera une nouvelle opportunité d’associer nos deux passions. Je rêve d’Ecosse, d’Irlande, de Portugal mais j’imagine que je trouverai toujours une mer, un lac, une rivière, un étang pour tremper quelques leurres.
Fishement votre
César